Sans prévenir, elle s'est éclipsée. Pendant plus de dix jours, elle m'a abandonnée. D'un coup, d'un seul, le manque a envahi mon pauvre petit coeur. Il m'a rongée de l'intérieur. Quand mon héroïne s'en va, alors je ne suis plus moi. Je me dégoute, je ne me reconnais pas. J'aimerais crier mais ne le peux pas. Soir et matin, je verse toutes les larmes de mon corps. J'évacue encore et encore. J'angoisse et je doute de mon sort. Je tremble comme une feuille, c'est plus fort que moi. Je m'énerve mais ne le devrais pas. Je n'y peux rien, je ne contrôle pas. Je vous en prie : ne m'en veuillez pas.

Ma douleur s'impose à moi. Elle me chamboule, me détruit, fait bien plus que ça. Ma vie s'en trouve totalement boulversée. Séquestrée chez moi, je ne peux plus exercer. J'avance à reculons, lutte pour me concentrer. Je pense très fort à mes étudiants et crains de les voir déccrocher. Je le sais : à leur âge, ils peuvent très vite se démotiver. Je vais sans doute peiner à les remobiliser. Je culpabilise de les voir s'impatienter. Je souffre de les voir me réclamer.  Mon moral ne cesse de vaciller. Je ne peux presque plus rien faire. Je tombe plus bas que terre et vis un véritable calvaire. Je donnerais tout pour voir leurs yeux briller, leurs rêves les plus fous se réaliser. Chaque heure est une heure de trop. Je vous l'avoue : je suis accroc!

Je ne peux ni jouer ni chanter. La scène, je suis contrainte de m'en éloigner. Mes passions dévorantes, je dois les mettre de côté. Impuissante, la musique ne parvient plus à m'apaiser. La solitude me pèse, devient très difficile à supporter. Je voudrais retrouver les choristes, comédiens et musiciens. Avec eux, je me sens vraiment bien. Auprès d'eux et avec l'aide de ma professeur, je brûle d'envie d'aller plus loin. Tous ensemble, ils me font tellement de bien.....

Micro en main, j'aimerais vous raconter toutes sortes d'histoires, vous surprendre ou vous émouvoir. Avec ces quelques mots, je l'ai sans doute déjà fait. L'écriture semble me sauver, j'espère bientôt être libérée..... Sans ma dose quotidienne, c'est pour moi pire que tout. Je suis comme une merde, écrasée en face de vous. Comparé à ce coup de poignard, mon handicap n'est rien du tout.

 Je n'ai pas changé. Je suis simplement dévastée. A son retour, c'est promis, je me relèverai. Je n'étais pas morte mais je ne tarderai pas à ressuciter. Fidèle à moi-même, je me battrai. La beauté de la vie, je la contemplerai. Chaque seconde, je la dégusterai. Je vous jure que je saurai en profiter. Ma joie de vivre reviendra. Si lourde soit-elle, ma peine se dissipera. Oui, j'ai compris la leçon. J'ai été secouée, pour de bon. Seigneur Dieu, exaucez moi: rendez moi ma voix !! !

 

Chanteuse